Le “Data-Bench” utilise des capteurs pour composer des paragraphes écrits, sorte de “poèmes brutalistes”, qui décrivent l’état du banc. Chaque paragraphe se termine par un mot issu du jargon de l’innovation dans le but de rappeler les discours d’utopie numérique. Les textes sont énoncés par une voix de synthèse.
Cette intrusion auditive confronte l’utilisateur du banc à l’instant présent. Elle lui rappelle de façon insistante la situation convenue dans laquelle il se trouve : être assis sur un banc. Dans un second temps, l’installation confronte l’usager du banc, à une instance de surveillances indiscrètes, en contradiction à la présupposée neutralité de l’objet. Cette expérience peut être comparée à d’autres mécanismes de monitoring s’introduisant dans nos quotidiens : les innombrables caméras de surveillances présentes un peu partout, les villes équipées en capteurs de toutes sortes, dispositifs que les citoyens acceptent de manière tacite.
Mis gratuitement à disposition dans l’espace public, ce banc fonctionne à l’instar d’autres services numériques “gratuits” ou en réalité notre utilisation devient le mode de paiement.
Le “Data-Bench” est une installation qui met en exergue les côtés absurdes de l’internet des objets, le désire de tout connecter (vaisselle, jouets, appareils multimédia), les illusions de startup trop pressés à faire du profit et de tous ces projets revendicant l’aspect “smart” pour justifier leur existence.
Voici les données captées par le banc :
La durée temporelle de son utilisation,
une approximation du nombre d’individus qui l’utilisent,
l’emplacement approximatif d’assise sur le banc ,
le volume sonore ambiant,
la température ambiante.
En parallèle à la composition et diffusion sonore de textes, le banc envoie et enregistre les données captées sur un serveur distant et une plateforme d’open-data, permettant ainsi à quiconque le souhaitant, d’en faire un usage personel : “hobbyist”, analystes de données, entreprises, urbanistes, etc...
Malgré l’absurdité de ces données, il est à craindre qu’il soit possible d’en dégager une application potentiellement utilitaire ou économiquement rentable.
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