Au milieu du 19è, les révolutions industrielles entraînent un exode rural massif. Des conditions de vie précaires apparaissent dans des villes qui n’ont pas été prévues pour cela. L'approvisionnement en eau, en denrées alimentaires est inadapté. Surpeuplement et système d'égouts insuffisants entraînent maladies et épidémies. En Angleterre, quelques industriels éclairés créent des villages modèles où les familles possèdent une propre parcelle pour cultiver leur nourriture. Les jardins ouvriers communautaires sont nés..
En 1898, Ebenezer Howard publie « Garden Cities of Tomorrow - Les cités jardin du futur. A peaceful path to real reform - Une voie pacifiste vers la réforme réelle. » Plans et croquis détaillent de manière naïve mais efficace la ville idéale sans quartier pauvre ni pollution. Une grande importance est donnée à la production agricole, artisanale et industrielle locale :
Howard structure cette ville idéale autour d’une ligne de tramway circulaire. A chaque station correspond un pôle d’urbanisation avec une fonction sociale, artisanale ou industrielle. Howard précise que le plan devra être adapté au site choisi. Ainsi, hôpitaux, maisons de repos, centre sociaux, collège agricole, réservoirs d’eau et barrages, carrières et forêts sont installés au milieu de nombreux jardins ouvriers et d’exploitations agricoles. Howard calcule d’ailleurs précisément les surfaces de cultures nécessaires pour faire vivre les habitants de cette ville de 250 000 habitants. Dans la périphérie des pôles urbains, trouve des fabriques de vêtements, de chaussures, de vélos, de quincaillerie, des ateliers de mécanique, des fabriques de confitures sans oublier une imprimerie. La naïveté de cette utopie nous fait comprendre la simplicité des besoins de l’époque. Mais aussi, la superficialité des besoins d’aujourd’hui. En 1989, Howard n’a pas à se soucier de la circulation automobile car la voiture n’en est qu’à ses balbutiements..
C’est aussi le projet d’urbanisme de la REPUBLIQUE des HERISSONS. A Cataluna, en 2048, le bon sens ancien est associé au meilleur de la technologie moderne. Le lecteur découvre cette ville de manière ludique. Comme à Garden City, le centre ville est réservé aux fonctions culturelles et administratives. Dans la périphérie, sont localisées les zones artisanales et industrielles.
Au 20e siècle, l’invasion de la voiture dans les villes change radicalement les modes d’urbanismes. Surconcentration et pollution automobile réduisent aujourd’hui notre espérance de vie. Au 21è siècle, la technologie moderne des véhicules sans chauffeur, l’autopartage et l’optimisation des trajets nous permettent de reprendre le plan d’Ebenezer Howard pour concevoir la ville jardin du futur sans voiture à essence.
La nature est symboliquement remise au centre de l’urbanisation
Penseur de l'écologie politique et initiateur des mouvements de transition, Ivan Illich lutte contre le système automobile et tous les moyens de transports trop rapides qu'il juge aliénants et illusoires. Durant les années 1970, un Américain consacre chaque année en moyenne 1 600 heures à sa voiture. Illich a calculé qu'en prenant en compte le temps passé à conduire une automobile, mais aussi le temps passé à travailler pour l'acquérir ainsi que les frais y afférents, la vitesse relative du véhicule n’était finalement que de 6 km/h, soit celle d'un homme qui marche. Dans toute l’œuvre d’Illich revient de manière prédominante l’idée que tout développement industriel atteint une limite jusqu’au moment où il devient dysfonctionnel et nuit au but qu'il est censé servir. Comme l’automobile dans un embouteillage, l'institution devient contre-productive en plus d'aliéner l'être humain et la société dans son ensemble. Dans les années soixante dix des artistes américains dessinent le plan de la cité idéale d’Illich
Comme à Garden City, à Illichville à Cataluna, la ligne circulaire de tramway est reliée par une plateforme multimodale à la ligne de chemin de fer inter cités, optimisant ainsi les transferts de voyageurs et les dépenses d’énergie..